La Famille
Une communauté de personnes réunies par des liens fraternels.
Génétique
La cellule familiale est l’une des grandes spécificités des Homos Sapiens (Nancy Huston) que nous sommes. C’est le lieu où se joue l’histoire de l’enfant. Or, pour survivre et garder son unité, au-delà des liens du sang qui ne joue aucun rôle dans l’amour entre parents et enfants (Nancy Huston) , il est préférable que la famille base ses relations intrinsèques sur le pardon et la confiance imbriquées. Trop souvent, l’effondrement de cette cellule tient de la remise en question constante de chacune des parties par les autres. Ces conflits, mal gérés, peuvent engendrer alors un manque de confiance en soi et en l’Autre et entrainer, dans leur mouvance, la conditionnalité de l’amour.
Résilience familiale
Il y a lieu d’encourager les parents à parler à leurs enfants, à les écouter et à leur conter des histoires. Car ce dont on ne parle pas, c’est aussi ce qu’on ne peut apaiser; et, si on ne les apaise pas, les blessures continuent à s’ulcérer de génération en génération (Bruno Bettelheim). Il y a lieu d’encourager les membres des familles à passer du temps vrai les uns avec les autres, des temps de partage et de don de soi, des temps créatifs et solidaires. Il y a lieux d’y encourager la résilience et de nouvelles attitudes face aux épreuves de l’existence afin de considérer le traumatisme comme un défi (Boris Cyrunlik).
En encourageant les parents à placer un cadre bienveillant, on les aide à libérer leur famille.
Similitudes
Nous avons identifié certains comportements de jeunes en classe comme étant des résultantes de leurs propres histoires. Le rapport de ces jeunes à l’autorité et à l’apprentissage est vécu et enseigné d’abord à la maison. Il nous importe de tenir compte de ce facteur familial si nous voulons nous assurer la pérennité de notre travail tant éducatif que pédagogique.
Ainsi, avec les parents, l’équipe du DIAS pointe les mécanismes enclenchés par le jeune autant dans son privé qu’à l’école. Ce sont ces similitudes, les comportements spécifiquement liés au jeune, qui nous permettent d’entamer le processus de changement dès son entrée dans l’École Autrement.
L’important est alors de se rencontrer entre ces mondes, à la deuxième étoile à droite et tout droit jusqu’au matin (James Barrie, 1902). C’est d’ailleurs pour toujours nous rappeler les enfants perdus du monde de Peter Pan et Wendy que l’environnement de l’École Autrement est peint en vert…
Notre objectif n’est certainement pas de transformer le jeune face à ses problèmes, mais de lui donner confiance pour entamer lui-même un changement en lien avec ses attitudes face aux problèmes.
Rencontre
Avant d’intégrer le DIAS de l’École Autrement, le jeune et ses parents rencontrent l’équipe du Research Team. C’est là, au cœur d’un premier entretien que commencent nos recherches.
Certes il est plus confortable pour tous de traduire le problème de gestion de classe par un rapport disciplinaire à l’encontre d’un jeune difficile ou d’imaginer une exclusion scolaire. Il est plus aisé de calmer les humeurs d’un ado à la maison en acceptant de le voir jouer des heures durant sur son smartphone.
Or, travailler avec ce type de jeune équivaut plutôt à se remettre en question tant dans l’éducation qu’on lui donne que dans sa manière de lui donner des leçons. Car c’est en plain cœur de nos difficultés que se cache, bien souvent, une possibilité (Albert Einstein).
Le temps de la saisir est arrivé.
Observateur questionnant
Lors des entretiens avec les parents et le jeune, l’enseignant spécialisé va clairement se positionner en « adulte » afin de ramener la discussion qui les occupe sur un terrain « responsable ». L’analyse transactionnelle (Éric Berne) nous laisse entendre que la discussion entre « adultes » est dite raisonnable. Elle permet ici d’analyser les comportements et le non-verbal des intervenants. L’enseignant responsable mène dont la discussion en étudiant les rapports entre les différents intervenants grâce à des questions spécifiques et à une observation pointue : les regards lancés entre le parents et le jeune, les non dits, le retrait de l’élève face à son enseignant, etc.
Grâce à une écoute active, il cherche dans l’humanité de ses partenaires le sens du travail qu’il va entamer avec le jeune.
Grâce à cette position d’observateur questionnant, l’enseignant spécialisé identifie les réactions émotionnelles au sein de la relation entre les participants, tout en ramenant l’échange à une dimension factuelle lorsqu’il s’agit de définir les objectifs à atteindre par le jeune et ses parents.
Il s’intéresse aux chapitres importants de la vie du jeune qui vont l’aider dans son travail et dans la création d’outils spécifiques et adaptés à cette nouvelle histoire.
Changements
Le parent lui-même trouve, au coeur de l’échange, de nouvelles pistes de changement avec le jeune : un autre dialogue constructif, une manière différente de poser l’autorité, un partage plus équitable des tâches ménagères et des plaisirs familiaux, un regard constructif sur le travail scolaire du jeune et surtout une vision positive sur chaque membre de la famille.
La rencontre entre parents, élève et enseignants est l’endroit idéal pour entamer la remise en question fondatrice de nouvelles dynamiques. Elle pose la question du « Comment faire pour sortir de notre zone de confort et aller chercher les véritables réponses, celles qui nous permettent à tous de progresser ? »
Système
Comme nous l’avons laissé entendre plus haut, les leçons vécues à l’École Autrement sont basées sur ces informations précieuses qui vont constituer l’ossature même des animations qui s’y déroulent.
Pour ce faire, nous nous intéressons aux états stables possibles des systèmes familiaux et scolaires. Nous étudions l’organisation des différents lieux de vie du jeune et les interactions qui s’y développent. Car, dans la plupart des cas, le jeune, sorti de tout contexte réel et mis dans le système fermé d’un entretient traditionnel, ne révèle que peu de données utiles. Par contre, dans le cadre d’un entretient avec les acteurs importants des différents groupes qu’il intègre, il est possible d’obtenir les éléments qui ont du sens pour chacun.
Car notre travail de socialisation commence au point d’intersection entre la vie de l’élève au centre de sa classe et la vie de l’enfant au centre de sa famille.
J-Luc Carels
0 commentaires