Les Espaces de Travail

Des aménagements territoriaux possibles dans les lieux d’apprentissage.

Équipements didactiques

L’Espace de Travail tient d’une action à disposer délibérément avec ordre et sens, dans l’espace d’une classe, les équipements et les moyens de communication entre les participants de la leçon, en prenant en compte les contraintes didactiques, stratégiques, sociales et humaines. L’aménagement de l’espace classe, mené par les acteurs du cours, s’organise en fonction de la leçon, du Moyen Didactique choisi par l’enseignant et la Stratégie d’Apprentissage que vont développer les apprenants.

Dans ma démarche pédagogique, je comprends la classe comme un plateau de jeu où se confronte le savoir et l’apprenant. L’apprenant est l’acteur de son apprentissage sur la scène du théâtre scolaire. La différenciation c’est l’ajustement des pratiques pédagogiques qui prend en compte la différence des rôles joués par les apprenants.

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Territoire

C’est quoi un territoire dans une classe ?

L’animal défend son aire sociogéographique contre toute menace. Il s’agit sans doute d’un réflexe ancestral. Il en délimite ensuite les contours rassurants avant de les rendre identifiables où non par ceux qui l’entourent.

Le territoire est l’endroit conquis en posant le premier pas, la première odeur ou le premier symbole.

La classe est un pareil territoire, celui de l’enseignant. C’est à lui de marquer son domaine. À chaque cours, il y rentre avant les apprenants, y aménage l’espace et y place les images liées à son histoire, celle de son parcours pédagogique.

En pénétrant dans ce lieu investis par l’enseignant, l’élève met le pied dans son asile comme s’il rentrait dans sa tanière. En entrant dans ma maison familiale, on enlève ses chaussures pour ne pas salir l’intérieure. Dans la dimension de l’École Autrement, chacun parle à son tour pour bien se comprendre. Aux deux endroits on y respecte des règles, des lois.  Les lois du sol.

L’école, comme la maison ou même une ville, est ainsi une enveloppe spatio-temporelle caractérisée par le renforcement d’un certain nombre de codes (Claude Raffestin).

 

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Coquille

Comment préserver l’espace de chacun ?

La diversité des environnements spécifiques vont permettre à l’humain de se ressourcer, apprendre et se renforcer. La cours de récréation, la chambre à coucher, la classe, la salle à manger, le jardin, … sont autant d’espaces où les apprentissages sont aussi variés que complémentaires. Les territorialités y sont aussi particulières. Le leadeurship y est vécu différemment.

Un territoire plus petit mais très materné, est celui du banc et plus spécifiquement de la chaise de l’élève. Il y pose sa chaleur, ses affaires personnelles, ses graffitis et ses symboles. On peut comprendre cette territorialité affective lorsqu’on demande à l’un d’entre eux de déménager. Je préfère toujours lui proposer de déménager avec son environnement proche, comme le gastéropode, afin de ne rien déranger. Il en va de son confort intérieur et de la gestion de ses émotions. C’est le meilleur moyen de ne pas perdre de temps à réconforter l’apprenant réinstallé sur une chaise froide et dont la vue imprenable sur le tableau ne lui satisfera pas.

 

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Embarcation

Par quel moyen peut-on rendre un endroit confo et en lien avec l’apprentissage ?

Dans le but d’améliorer l’apprentissage, j’ai disposé l’espace classe en déménageant tables et chaises en fonction des espaces qui m’étaient donnés. Afin de respecter le confort gastéropode de nos élèves, j’ai récupéré des petites tables individuelles plus faciles à manier.

Dans cette perspective, j‘ai pris le temps de recenser et d’imaginer des aménagements territoriaux spécifiques, en privilégiant l’acte apprenant. Il s’agit d’un jeu de cartes qui synthétisent une trentaine d’Espaces de Travail divers. Je prendrai le temps de t’en détailler quelques-uns afin d’illustrer mes propos.

Avec le temps, j’ai compris que ce n’est pas tant les aménagements en eux-mêmes qui sont importants que la variation de ceux-ci. L’apprenant, avec son embarcation, a besoin de se mouvoir.

J-Luc Carels

 

 

Disposition de l'espace de travail
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Espaces de travail
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6 Commentaires

  1. Dans ton chapitre sur le territoire, tu sous-entends que le prof est une sorte d’animal qui pose le premier pas, la première odeur ou le premier symbole pour se faire respecter. Tu peux m’en dire plus ?
    Steve

    Réponse
    • Oui, Steve. C’est à peu près ça. Les homos Sapiens qui tiennent les rôles d’enseignants dans les écoles ont, comme tous les animaux, des territoires. Il suffit de regarder une salle de profs pour s’en rendre compte. Pour un jeune prof, y trouver sa place tient du stratagème, de l’audace ou de l’insouciance.
      Mais plus sérieusement, j’ai noté une différence d’attitude en entrant le premier dans ma classe ou en laissant entrer d’abord les élèves. Même si mon directeur m’avait prédit l’importance de ce détail, j’ai voulu mener ma propre expérience.

      Réponse
      • Et pour les symboles ?
        Steve

  2. L’introduction de symboles oriente l’approche de l’élève. Celui-ci associera le rôle de l’enseignant aux objets qu’il introduit dans l’espace. Ceci n’est pas neutre : un prof de science qui place des animaux empaillés sur des étagères, un prof de math qui vient avec une grande équerre, un directeur qui place une machine à café à l’entrée de son bureau, autant de symboles qui disent quelque chose de leurs propriétaires. L’instantanéité taxidermique, la rigueur géométrique ou la convivialité caféinée.
    Personnellement, je choisis soigneusement les symboles. Rien n’est laissé au hasard : jeu de société, boîte mystère, bandeaux, couleurs des murs, formes des tableaux … Nous disons plus avec nos gestes et nos symboles que nous ne pourrions dire avec des mots.

    Réponse
  3. Et pour les odeurs ?
    Steve

    Réponse
    • Je te sentais venir.

      C’est la même chose. Sauf que pour l’olfaction, c’est un concept délicat. Au temps de la préhistoire, renifler était un acte de survie qui permettait bien des choses : se situer, repérer la nourriture, se prémunir des dangers (le dégoût par retroussement du nez), reconnaitre les siens … Aujourd’hui, on se contente d’un « ça sent bon », « je ne sens rien » ou « ça pue ».

      Répondre à ta question risque de paraitre un peu imparfait du coup. Je te propose alors une expérience : prochainement, lorsque tu te rendras dans ton entourage, essaie de définir l’odeur qui y règne. Elle tient des habitudes de ceux qui y demeurent. Ensuite, précise celle où tu te sens bien, celle qui t’incommode et celle qui ne t’inspire rien. Compare alors avec ce qu’en disent ceux qui t’accompagnent.

      À ta santé !

      Réponse

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