La Nature

La Nature nous tient dans sa main. Elle nous dicte les règles d’une négociation possible.

Puissance

C’est l’homme qui a domestiqué la nature. Du coup, il croit dominer le monde. Penses-tu que la nature a encore son mot à dire ?

La nature, dans sa toute-puissance, réussit à jongler avec les éléments qui la conditionnent pour proliférer à l’infini. Les nutriments contenus dans l’humus, l’humidité de l’air, la chaleur du soleil, les interactions animales, tout concoure à ce qu’elle croisse et s’autorégule. Ce sont les plantes, êtres privilégiés de ce monde, qui ont fini par domestiquer l’homme qui s’occupe d’elles, laboure, irrigue leurs terres ou leur érigent des serres et sème leurs graines en échange d’oxygène et de nutriments. Une fois la tâche des hommes accomplie, les plantes attendent qu’ils se décomposent dans leurs tombes enfuies sous terre avant de s’en repaitre. Les plantes se nourrissent de ceux qu’elles ont dressés et nourris.

Compromis

La flore peut vivre sans l’animal. L’inverse est improbable. Se défaire de la tutelle des végétaux est compliqué et devenir autonome est sans avenir. Depuis que l’homme, dans sa préhistoire, s’est arrêté pour devenir sédentaire et cultiver la nature, il est devenu l’esclave de celle qui le nourrit. Le blé est devenu une des plantes qui a le mieux réussi dans l’histoire de la Terre en manipulant l’Homo sapiens à son avantage Yuval Noah Harari.

Un compromis avec la nature s’impose donc à nous. Et dans cette négociation, c’est la nature qui impose les règles. Or, comme au fil du temps nous avons perdu la faculté de dialoguer avec les plantes, aujourd’hui, il nous faut composer avec elles. C’est d’ailleurs dans cette brèche conciliante qu’est née la permaculture.

Agriculture

Mais alors, comment faire pour dialoguer avec la nature ?

Essayons d’abord de la comprendre et de nous accorder avec elle. Si la préhistoire a permis aux végétaux de nous domestiquer, l’Histoire contemporaine, en revanche, a permis à l’Homme de ruiner les végétaux qui le maintiennent en vie. Il va donc falloir nous intéresser à ce qui se passait avant cette mise en demeure de la nature.

À l’époque moyenâgeuse, nous cultivions aisément :

  • les racines : navets, carottes, salsifis
  • les graines : fèves, pois
  • les feuilles : bette, choux, salades, épinard, artichaut
  • les fruits : pommes, poires, cerise, concombre
  • les bulbes : oignon, ail, échalote, fenouil, poireau
  • les tiges : cèleri
  • les rhizomes : asperge
  • les féculents : blé
  • les champignons : champignons sauvages
  • les potagères : ciboulette

À la Renaissance, de nouveaux légumes viennent compléter la liste :

  • les racines : betterave
  • les tubercules : pomme de terre
  • les graines : haricot, maïs
  • les feuilles : endives, choux de Bruxelles, chicorée
  • les fruits : tomate, courges, potiron, poivron

À nous de retrouver comment ces cultivateurs s’y prenaient, comment multiplier les plans, les semer, les repiquer et les regarder pousser avant de les déguster. À nous de redécouvrir les saveurs perdues. À nous de raviver les plaisirs du jardin et de la table.

Tachons de laisser la place à la nature, avant que la nature n’ai plus de place pour nous.

Source

Il nous faut donc revenir aux sources de l’agriculture paysanne. Car ce n’est pas une finalité que de s’opposer aux OGM cancéreux.  Nous devons étendre plus largement nos explorations. Pour nos recherches d’autonomie, il va falloir aussi revenir à des variétés de plantes simples qui s’acclimatent sans force dans nos régions, travailler l’environnement, utiliser des méthodes agricoles basiques et retrouver notre Intelligence Éco-Naturaliste Howard Gardner perdue.

Libération

D’accord pour converser avec les plantes. Mais comment fait-on ?

L’idée est de retrouver les modèles de cultures d’antan, de nous rapprocher de la nature et de sa compréhension. Pour cela, nous retenons trois pistes :

  1. Humus forestier : En cultivant dans une terre riche, nous nous donnons toutes les chances de produire des légumes nutritifs. Il faut donc tendre vers l’humus des forêts et encourager le compostage.
  2. Autonomie : En réduisant notre implication dans la croissance des plantes, nous prenons distance avec la domination qu’elles exercent sur nous. Il s’agit de retrouver l’entente cordiale que nous avions l’un pour l’autre aux temps ancestraux.
  3. Dialogue : En entamant un dialogue avec la nature, nous pouvons reprendre les négociations coopératives qui tendaient vers un équilibre plus juste. Toute la nature est notre alliée : les insectes, les vers de terres et même les limaces. Nous devons tenter de comprendre l’utilité de chaque être présent dans notre écosystème.

Une méthode, qui tient compte de ces trois conditions, s’impose donc à nous : la culture sur butte. Elle cherche à maximiser le rendement des cultures en imitant au mieux la nature grâce à un écosystème complet et à une amélioration du sol. Grâce à son fonctionnement autonome plus de laboure ni de désherbage, plus d’arrosage ni d’entretien excessifs. Libéré de cet asservissement, nous économisons un temps précieux à mettre au profit d’un temps d’observation et de compréhension de la linguistique fonctionnelle de la nature, car un bon jardinier regarde chaque plante tous les jours Alan Chadwick.

Le temps est venu de renouer avec la nature !

J-Luc Carels

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.